Indicible Forteresse

Texte Naoki San'© inspiré par le paysage de la cité médiévale de Carcassonne, sur le champ lexical… d’une forteresse.

Telle une épaisse et prestigieuse forteresse rayonnant d’une magnifique photosphère de l’extérieur, elle bénéficie d’éloges, suscite l’envie, attise la jalousie… 

Pourquoi ? Quelle importance ? Pour qui ?

Au sein de ses remparts, elle se contente d’arpenter son dédale de questions, fondue dans la masse, ponctuée de ruelles de déraisons pour alléger et équilibrer le poids de la solitude intérieure… 

Elle trace son chemin, le vit tel qu’elle le conçoit, le partage seule avec elle-même lorsqu’elle sent qu’il n’est pas compris de tous. 

Elle écoute, elle voit, elle sent, elle goûte, elle touche… 

Tous ses sens sont en éveil alors qu’à ce moment précis, le monde passe, s’affaire, parle de choses et d’autres,  sans prendre le temps d’un arrêt sur image, sans apprécier le paysage et toute sa réelle saveur du moment présent… 

Elle fait aussi partie de ce monde…

Mais là, elle choisit juste de sortir s’asseoir à l’ombre d’un vieux chêne blanc. 

Elle y trouve une belle énergie, une belle âme à qui elle pourra se confier sans parler… 

Un oiseau bleu vient s’y poser. Ils se regardent, simplement… un instant furtif plein d’intensité avant de s’envoler vers d’autres horizons.

Dans un mariage de quiétude aux côtés de ce chêne blanc, elle respire un air sain, remplissant d’un souffle nouveau l’intérieur de son être.

Elle sent la chaleur des rayons du soleil l’invitant à sourire, caresse cette essence de tanin… Puis, tranquillement, elle voit le monde…

Celle qui passe, dont le visage reflète, en apparence, une expression triste, une mine fatiguée, préoccupée… 

Cette petite fille qui rit aux éclats aux côtés de celui qui semble être son père… 

Ce couple dont les traces de l’âge sont évidentes, appréciant simplement une glace ensemble, avec sourire, assis sur un banc…

Elle s’abreuve de ces moments de vie en silence… 

L’apparente tristesse la touche, elle ne la nie pas… mais elle ne la prend plus… Ce n’est pas la sienne… 

Elle préfère emprunter les éclats de rires et les regards de tendresse, car c’est toute sa quête au sein de sa forteresse…

Puis, reprenant son chemin au fil des lices, elle regarde avec tendresse le chêne, avec complicité la petite fille… 

Elle regagne sa forteresse protégeant le monde qui y entre, son monde, mais aussi son propre trésor… 

Cette forteresse où seuls les arcs en ciels du passé entrent par les archères, laissant reposer le reste en paix dans les douves…

Texte Naoki San' Shiatsu ©