Dessiner son chemin

Mon sensei me transmet les clés de la voie, cette voie que je sculpte avec patience, en dessinant modestement la mienne, marchant doucement dans les traces sacrées et traditionnelles de notre école. Il est mon phare, ce point de repère immuable dans la nuit, qui éclaire mes pas quand le vent soulève les ombres, assombri le ciel, déchaîne les océans, déclenche les tempêtes...

Car le chemin de la vraie vie hors du dojo n'est pas un fleuve tranquille...

Des rochers s'effondrent parfois subitement de la montagne pour venir entraver le chemin. D'autres, sont posés là, au milieu depuis longtemps... on ne les voit même plus, jusqu'au jour où ils nous font trébucher... Aussi énergivores soient-ils car ils demandent parfois beaucoup de force pour les franchir ou les éloigner, ils sont là pour nous apprendre quelque chose, nous aider à évoluer... Tels des guides silencieux aux enseignements précieux, invitant à grandir, à sortir de notre zone de confort, à comprendre le sens de la résilience.

Évaluer la situation, prendre le temps du recul objectif nécessaire et... Laisser glisser.

Laisser glisser et panser les blessures pour ne garder que l'enseignement des cicatrices, laisser celles et ceux à qui ça ne plaît pas, qui ne partagent pas les valeurs profondes et authentiques de l'amitié et de l'amour, préférant l'orgueil de la gloire faussement déguisée en bienveillance.

Je choisis tracer mon chemin dans les sillons de mon école de coeur, avançant telle une onna-bugeisha, enivrée par les parfums du présent, animée par le désir d'être meilleure qu'hier, affronter différemment les vagues douloureuses de changements et continuer à apprendre la danse guérisseuse de l'évolution.

Naoki San' ©